lundi, novembre 28, 2005

10 jours




Ca fait dix jours. 10 jours. C’est rien mais parfois. 10 jours de plus que ma barbe pousse, et autant de temps à me plonger dans ce monde inconnu. Je ne veux chercher ni dans le Gabon ni dans le Burkina quelconque comparaison. Malgré tout des réflexes un peu enfouis ressortent, des expressions, la vitesse à laquelle je marche, le plaisir de la négociation, l’hésitation à regarder les yeux du petit qui guide l’aveugle et demande une pièce au feu rouge. Pauvreté urbaine, tu seras donc partout. Pas envie de donner les impressions que ça fait d’être face à la misère et tout ce que ça implique comme questionnement sur ma personne et le monde en général.

Alors Niamey, c’est d’abord la francophonie, ici partout la ville se bouge et se fait belle pour accueillir les jeux. A l’harmattan s’ajoute les nuages de poussière des centaines de personnes qui balaient le sable qui ne cesse de revenir, quoi qu’on fasse.

Qu’est ce que j’ai fait depuis 10 jours au Niger ? On essaye de capter un peu le boulot qu’on va y faire. C’est jamais simple, on commence par tenter de faire une photographie de la situation économique du pays dans lequel on le trouve. Et la situation en gros c’est la cata. Derrière la cata, on cherche d’où pourrait venir quelques rayons de soleil. Avoir un regard positif voilà l’essentiel. Les gens du boulot sont sympa, bien motivés pour la plupart et ça me fait plaisir, y’a une bonne ambiance quoi.

10 jours au Niger c’est aussi et surtout un peu de temps pour faire autre chose que bosser. A coup de 200 CFA le taxi, en attendant la moto, c’est le moyen de me promener un peu. En cours de route il y a les maquis, lieu incontournable. Les pieds dans le sable sur de petites chaises. Il n’y manque que la mer pour faire comme à la plage. C’est ici que je goutte à ma première conjoncture. Tout un symbole la Bière du Niger. Le jour de la dévaluation, au lieu de multiplier son prix par deux on a réduit la taille de la bouteille, d’où son nom.

Je suis aussi passé par le centre culturel franco nigérien. Une scène en plein air, c’était la semaine du film européen. J’y ai aussi vu un concert hier. Des touaregs avec des peuls qui font de la guitare électrique avec des percussions traditionnelles. Trop fort ! La semaine prochaine la ville accueille un festival international du stylisme africain. La communauté musulmane voit cela d’un mauvais œil. L’Islam avance inexorablement avec son lot de mosquées qui chantent cinq fois par jour. Cette semaine j’ai aussi testé le jogging, ça va il ne fait pas trop chaud, c’est supportable. Mes chaussures de course rougies par le sable ont croisé ces hommes en direction de la Mecque dehors de train de prier et moi j’étais à courir derrière la seule envie de faire un peu de sport. Ca a un petit coté surnaturel bien sympa.

J’ai aussi croisé des potes de potes. Un d’entre eux tient un atelier de jonglage avec des enfants d’un quartier. Je crois que je vais bosser avec eux, ça me dit vraiment, c’est une bonne occasion de rencontrer des gens et de délirer un peu avec des minos. Au même endroit il y a une troupe de théâtre, un club de takewendo, un atelier de peinture. Une ampoule et une cour dans une concession et hop tout devient possible.

C’est maintenant samedi. Week-end !!! Même pas eu le temps de m’apercevoir que le semaine étais fini. Là je me prépare à partir à 50 kilomètre de Niamey dans un petit bled avec vue magnifique parait-il. On y posera une natte, et viendra l’heure alors d’aller admirer le coucher du soleil et la nuit étoilée.

Bon au fait maintenant c’est Lundi, j’en dirai plus sur ma première nuit en brousse plus tard, bon début de semaine à tous.


« Ecoute plus souvent les choses que les êtres, la voix du feu s’entend, entend la voix de l’eau, écoute dans le vent les buissons en sanglot : c’est le souffle des ancêtres » (Birago Diop)

jeudi, novembre 24, 2005

départ




Décollage, départ, embarquement, voyage sur le vol AF 732, celui là même qui me ramène d’où je ne suis pas encore allé : le Niger. J’ai le temps du vol pour récupérer dans l’avion le sommeil que j’ai un peu négligé pendant ces deux semaines de bringues en France. Cette pause est traditionnellement trop courte, même pas le temps de passer à Marseille de retour de mon aventure Gabonaise. C’est comme ça, ce sera pour la prochaine fois, inch alla ! Puis la voix de l’hôtesse annonce que je suis arrivé, il est 16 heures, heure locale et la température extérieure est de 37°, bon voyage !


Niamey, se rythmera donc avec le temps qu’il y fera…doucement doucement mon ami. Première impression : on s’y sent bien. Quelques petites huttes au bord du chemin, des maisons minuscules, d’autre immenses. En bas des rares immeubles, des vendeurs ambulant de tout et de rien (mais y’en a et c’est plus que moins cher). Au loin, le son de la prière qui résonne des centaines de mosquées cachées un peu partout dans la ville. En chemin, au lieu milieu de la rue, je croise des ânes qui tirent des charrettes, un dromadaire avec un homme majestueusement posé dessous, tout en couleur dans son boubou, un grand ruban sur le tête (pas celui de la photo un autre). Toute la diversité d’un monde à explorer quoi. Tout cela me semblera bien normale dans quelques mois, mais je tiens à prendre plaisir à me laisser surprendre par ce qui va devenir mon quotidien. Partout le sable est là. Le sourire aussi. J’y suis c’est ma demeure. La première impression me fait dire que je sentirai rapidement le plaisir couler en moi.


Tout est à faire, l’important étant de prendre suffisamment de temps pour l’apprécier pleinement. La ville borde le mythique fleuve Niger. Je me vois déjà en pirogue paisible au milieu de cette étendue d’eau perdue dans un
désert, au milieu des girafes, à coté des hippopotames ou des éléphants, dans les dunes du désert en buvant un thé avec la sensation de liberté et de quiétude qui avec.


Quatrième jour. J’ai déjà un peu croquer à se qui m’attend. Je suis sur la terrasse à la maison, la zic sort de mon ordi, il fait bon, le soleil se couche, j’ai quelques mois encore devant moi, avant que la chaleur fasse ralentir toute forme de vie…qu’est ce que 50° ? Une expérience à vivre, le paradis en enfer? Pour l’heure, j’ai déjà trouvé une maison, un frigo, une gazinière, je suis inscrit contre sackro pour les élections de 2007. Il manque quelques papiers et une moto, et alors la ville sera à moi. Ce petit village m’apprendra ses secrets au fil du temps. Cette après midi je suis sorti de Niamey, à une vingtaine de kilomètre, un peu après les maisons en banco, au bord du fleuve, une paillote au bord de l’eau, sous les mangliers, le bœuf grille doucement, c’est le calme absolu, on étend sa natte sur le terre et on admire en buvant à cette rencontre avec la nouveauté et à tous ceux qui bientôt la partageront avec moi.


A suivre