lundi, décembre 12, 2005

et dix de plus

Et dix de plus, mais je ne compte plus les jours. Je suis assis dans le salon, face à moi le soleil commence à tomber. C’est bientôt noël mais toute l’année la nuit tombe à la même heure. Là je reviens de Boubon, sur la route qui mène au Mali en suivant le fleuve. Partir en moto et se sentir le roi de la route et le roi du monde, même si je me suis pris un méchant coup de soleil. A 50 kilomètres heure, on double les dromadaires, les charrettes conduites par des petits qui s’acharnent contre les ânes. Les flics nous arrêtent, dommage, j’ai oublié permis, assurance et carte grise. Ca s’annonce mal. On discute, on fait connaissance et ça va, nous sommes mêmes invités à boire le thé avec eux sur le chemin du retour. Une petite cabane au bord du fleuve, Une brochette, une conjoncture (la bière), une nuit à la belle étoile à se faire bercer par le son les hippopotames qui broutent à côté.

Le matin on prend une pirogue histoire de promener un peu. Le paysage est à couper le souffle, même pas la peine d’essayer de le décrire. On s’arrête dans un village, on boit un verre on dit fofo (bonjour) et on repart. Sur le chemin du retour les flics nous arrêtent, ils nous offrent le thé, et voilà la belle vie, que demande le peuple. Ce soir, jeux de la francophonie oblige nous iront voir des danses ou des contes africains. Et dire que c’est bientôt les vacances de noël et que l’Aïr nous attend. On n’a pas bien calculé ce qu’on va faire exactement mais je soupçonne le voyage d’être à la roots avec une bonne dose d’aventure dedans.

Demain boulot…n’y pensons pas. Les jours défilent trop vite de toute façon. Isa est arrivée. Elle va bosser avec les VP (volontaires du progrès). Comme moi elle retrouve les petits plaisirs de cette vie africaine. 34° alors faut y aller doucement doucement. Je tiens à apprendre le Djerma ne serait-ce que pour les salutations d’usage. Je veux aussi à me mettre un faire un peu de jardinage, faire du jonglage avec les enfants, donner des cours du soir, réapprendre à conduire une voiture, faire la sieste tous les jours et à apprendre à faire du bon thé (un thé sans mousse c’est comme un vieux sans barbe…).
Concert de percussion, concert avec des peuhls Bororo, ouverture des jeux de la francophonie, marchandage de tomates dans le grand marché, ballade à coté du fleuve à l’heure du coucher du soleil, discussion sur tout et n’importe quoi avec les gens qu’on croise dans la rue, y’a pas à dire c’est vraiment un bon plan. Les bougainvilliers sont en fleur. Pour déconner j’ai même fait ramener un dromadaire dans mon jardin.

Avant de retrouver les grands espaces, on s’enrichit des petits. Je tiens à chercher ce qui est bon ici. Le côté obscur est aussi tellement présent. C’est sans doute ce qui ressort le plus dans les médias alors je ne veux pas m’étaler sur le sujet. Est-ce que mon regard change sur pauvreté ? Sans doute, tout comme la façon dont je perçois mon travail. Et mon travail, a-t-il une utilité, ne faudrait-il pas changer, revoir tout le système et refaire le monde ? Repenser le monde, être idéaliste et utopique, voilà l’essentiel, ne l’oublions pas ! Alors certes au quotidien il faut s’efforcer de faire au mieux, malgré la complexité d’un système qui parait parfois ne jamais vouloir aller dans le bon sens. L’enthousiasme, la patience et le dynamisme sont de rigueur. Avoir un œil critique mais pas fataliste. D’ailleurs c’est bientôt l’heure de prendre la moto et de partir écouter les contes.

Finalement je n’y suis pas allé. Ce sera pour ce soir, après la course à pied.